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Distinguez-vous, en vous, en Ă©nergie, quand vous ĂȘtes avec votre Ăąme, ou dans le mental avec votre ego ?
Si nous parlons des architectes dans lâempire Ă©gyptien, on sâaperçoit quâils Ă©taient tous des initiĂ©s. Que veut dire "initiĂ©s" ? Simplement, quâils ont quittĂ© leur dĂ©marche humaine pour accĂ©der Ă la dĂ©marche divine. Dans cette trajectoire, ils ont donc abandonnĂ© les schĂ©mas classiques de leur savoir pour abonder vers un idĂ©al quâils ne connaissaient pas, câest-Ă -dire se laissant porter vers, et sur des instruments diffĂ©rents, des valeurs quelquefois totalement diffĂ©rentes, sur une conception dâharmonie diffĂ©rente.
Question Ă Yvonne : Vous nous avez dit que Dieu est un grand mathĂ©maticien. Alors, on sait qu'en art, il y a le fameux Nombre d'Or dont ne connaĂźt mĂȘme pas l'origine, qui nous vient de la nuit des temps et qui a Ă©tĂ© suivi par de nombreux peintres, mais aussi par des musiciens et tous les artistes en gĂ©nĂ©ral. On s'aperçoit que ce fameux nombre d'or peut ĂȘtre la meilleure ou la pire des choses. Elle est la meilleure quand il est introduit dans une Ćuvre, j'ai envie de dire sans qu'on s'en aperçoive et oĂč il dĂ©gage une harmonie, comme vous le disiez tout Ă l'heure. Mais quelquefois aussi, il est vraiment trĂšs ennuyeux : on connaĂźt des peintres qui l'ont suivi Ă la lettre et qui ont fait des Ćuvres qui deviennent fastidieuses parce que, justement, ils n'ont suivi que la rĂšgle mathĂ©matique du nombre d'or. Pouvez-vous nous dire pourquoi ce dĂ©calage dans le mĂȘme systĂšme ?
Yvonne : C'est trĂšs simple, si les mathĂ©maticiens d'aujourd'hui ou de plusieurs milliers d'annĂ©es en arriĂšre avaient compris ce chiffre d'or (c'est vrai, ils l'ont rĂ©alisĂ©, ils l'ont compris). Mais derriĂšre tout cela, il y a l'Ă©tendue extraordinaire et inaccessible de la connaissance divine, c'est-Ă -dire des mathĂ©matiques qui dĂ©passent l'entendement humain. Ils le dĂ©passent par le travail intensif de la recherche de ces mathĂ©matiques mais, en mĂȘme temps, les gens cherchent trop loin car cette mathĂ©matique est beaucoup plus simple. Et l'art, la beautĂ© c'est lorsqu'ils ont comme dĂ©part le chiffre d'or, mais qui varie selon leur comportement. Il faut simplement que le peintre, l'artiste, le musicien, se laisse porter dans ce tabernacle de Dieu. Si nous n'entrons pas en communion avec Lui, nous ne pourrons pas faire Ă©maner de notre Ćuvre, quelle qu'elle soit, la beautĂ© qu'Il en attend. C'est pourquoi la beautĂ© est totalement liĂ©e Ă la qualitĂ© fondamentale de l'homme, ses vertus essentielles qui sont Ă l'image de Dieu.
Q : Dans quel état d'esprit peut-on créer la beauté ?
De tout temps, dans toutes les civilisations qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s, on a vu des chefs d'Ćuvre, que ce soit dans l'architecture, dans la sculpture, la peinture bien sĂ»r, la musique, mais aussi dans des arts oubliĂ©s aujourd'hui tel que le graphisme, les tailleurs de pierre, et un tas d'autres artistes qui ont totalement disparu de nos jours.
Qu'est-ce que la beautĂ© Ă travers cet art et Ă travers tout ĂȘtre humain qui essaie d'exprimer la beautĂ© ? Dans quel Ă©tat d'esprit pourra-t-il percevoir la beautĂ© qu'il veut faire voir ou connaĂźtre aux autres ? Et lĂ encore, on s'aperçoit que tous les grands artistes de toutes les sociĂ©tĂ©s humaines qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s ont Ă©tĂ© des privilĂ©giĂ©s quant Ă leur idĂ©al, justement spirituel.
Si nous parlons des architectes dans l'empire égyptien, on s'aperçoit qu'ils étaient tous des initiés. Que veut dire "initiés" ? Simplement, qu'ils ont quitté leur démarche humaine pour accéder à la démarche divine. Dans cette trajectoire, ils ont donc abandonné les schémas classiques de leur savoir pour abonder vers un idéal qu'ils ne connaissaient pas, c'est-à -dire se laissant porter vers, et sur des instruments différents, des valeurs quelquefois totalement différentes, sur une conception d'harmonie différente.
Je crois que tous ceux qui nous ont laissĂ© des traces aujourd'hui, en cette fin de 20° siĂšcle, sont ceux qui ont su dĂ©passer leurs connaissances humaines et accĂ©der Ă des lois qu'ils ne connaissaient pas mais dont ils se sont laissĂ© totalement pĂ©trir. La beautĂ© qui Ă©mane de tous ces gens-lĂ , de tous ces chefs d'Ćuvre, de tout ce qui nous reste de tangible, d'audible, c'est tout simplement parce que la beautĂ© rassasie l'homme. S'il n'y a pas de beautĂ©, l'homme ne peut ĂȘtre rassasiĂ©.
Que les beautĂ©s soient diffĂ©rentes les unes des autres, aucune beautĂ© n'Ă©chappe Ă l'homme : musicale, la peinture, l'architecture, ces gens qui savaient graver les pierres, mĂȘme s'il nous en reste trĂšs peu. Aujourd'hui, on se rend compte que de tout cela Ă©mane une beautĂ© qui nous dĂ©passe, qui nous surpasse et nous sommes sensibilisĂ©s Ă un Ă©cart extraordinaire qu'il y a Ă vouloir dĂ©montrer quelque chose par son savoir personnel et essayer de laisser un message aux hommes par amour. C'est tout Ă fait diffĂ©rent.
La beautĂ©, lĂ , est tout Ă fait dans sa plĂ©nitude. Elle nous enrichit car elle touche Ă nos fibres les plus profondes. MĂȘme l'homme sans connaissance pourra percevoir au-delĂ des mots, au-delĂ de ce qu'il voit, quelque chose qui Ă©mane de tellement grand. Et je pense qu'il est trĂšs important de savoir que tout homme a une soif de beautĂ© et nous ne pouvons vivre sans beautĂ©. MĂȘme le brin d'herbe le plus petit est beau quand nous savons le dĂ©couvrir, ne serait-ce qu'avec une perle de rosĂ©e, il est beau, il arrive Ă son paroxysme. Il faut le voir le matin Ă l'aube.
Voyez-vous, chaque beautĂ© doit se dĂ©couvrir lĂ oĂč elle se cache, dans les myriades de dĂ©couvertes que l'homme doit faire pour accĂ©der Ă cet univers temporel et intemporel. Du visible Ă l'invisible, la beautĂ© est donnĂ©e Ă l'homme pour que nous puissions nous repaĂźtre de cette fantastique merveille et crĂ©ation.
Q : La nature m'a toujours semblĂ© ĂȘtre d'une beautĂ© incomparable et on ne peut pas la nier. Vous pouvez nous expliquer cela ?
Vous savez, s'il y a de grands peintres aujourd'hui, de tous les temps, c'est simplement qu'ils ont su regarder ce qui se passe autour d'eux. Aucun peintre n'aurait pu percevoir une beauté plus raffinée que ce que la nature leur a offert de regarder. Lorsqu'on comprend par exemple les couleurs : le vert, simplement, puisque vous parlez de la nature. Dans la nature, on ne peut pas classer les verts différents, tellement il y en a. C'est un chiffre impensable de verts, de tons, de demi-tons et de teintes. Et cela veut bien dire que si nous observons la nature, nous verrons des verts différents s'harmonisant parfaitement les uns dans les autres.
On se rend compte que la nature, par elle-mĂȘme, a ses lois fondamentales, justement pour se mĂȘler, se mĂ©langer Ă d'autres. On se rend compte des verts, des fleurs, de la faune, et pourquoi certaines fleurs poussent Ă cĂŽtĂ© de certains arbres et non pas d'autres. Pourquoi certaines herbes Ă©touffent certaines fleurs et non pas d'autres, parce que certaines fleurs prĂšs de certains arbres porteraient prĂ©judice Ă la terre. Pourquoi ? La terre elle a aussi, une mathĂ©matique fondamentale. Elle a ses degrĂ©s de tout un univers cachĂ© qui sont les minĂ©raux, les mĂ©taux, toutes ces richesses fantastiques qui donnent la couleur aux fleurs, qui donnent leurs parfums. Cette alchimie fondamentale va donner au-dessus, nous ne voyons que ce qui apparaĂźt, mais ce qui est au fond de la terre est ce qui permet la beautĂ© qu'on dĂ©couvre. Il faut rĂ©aliser que tout aspect de ce qu'on voit n'est qu'une partie de ce qui est. Donc toute beautĂ© ne peut ĂȘtre dĂ©couverte que parce qu'une grande partie y est cachĂ©e.
Et c'est cela qu'on peut dĂ©couvrir avec la richesse qu'on a, qu'on connaĂźt. Cette dĂ©couverte jour aprĂšs jour de quelque chose d'infini... Et quand on dit infini, c'est vraiment infini, car rien n'est jamais dĂ©terminĂ© sur terre. Il y a une loi immuable qui pousse, qui agrĂ©e, qui dĂ©truit, qui pulvĂ©rise, qui balaie, mais il y a de par cette mathĂ©matique fantastique de cet univers, un phĂ©nomĂšne de gommage sur cette terre oĂč tout ce qui est laid peut ĂȘtre gommĂ© dans quelques annĂ©es pour que la beautĂ© justement rĂ©apparaisse lĂ oĂč on a semĂ© la laideur. Je crois qu'il faut laisser mais savoir regarder justement ce que nous ne savions pas voir auparavant. Un caillou, si vous l'observez, sera-t-il lĂ demain ? Pourtant, vous avez l'impression qu'il ne bouge pas, erreur, il vit et son emplacement aura changĂ© de quelques millimĂštres, il aura changĂ© demain, dans huit jours, dans trois mois, dans un an, dans dix ans. C'est cette beautĂ©-lĂ qu'il faut savoir dĂ©couvrir. C'est pourquoi je vous ai dit au dĂ©part qu'il ne peut y avoir de beautĂ© qui ne vit.