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Quelle est ma relation avec la nature ?
Tout paysan savait que l'environnement était proche de la conscience divine. Aucun paysan n'était contre Dieu, on n'était pas toujours religieux, mais on était croyant. On avait la pudeur de cacher ses sentiments bien souvent pour se protéger mais l'homme de foi était l'homme sage.
La sagesse des paysans nous fait penser à quelque chose de très simple : qu'était le paysan il y a quelque trente ans, cinquante ans ? C'était un homme qui vivait avec la terre, se mêlant à la nature, observant les animaux dont il avait la responsabilité - ces animaux qui le faisaient vivre, ils étaient sa nourriture et permettaient à toute sa famille de vivre. Sa terre était la richesse. Ce paysan avait d'abord le respect, de par sa naissance, de ce que voulait dire la terre mère.
Le paysan n'était pas un tendre, pas un romantique tel que nous l'entendons parce qu'il était obligé de se battre avec la nature, avec les éléments. Il était obligé de composer avec les saisons. Il devait être observateur pour protéger ses biens. Il observait la nature dans le silence et transmettait son savoir à son fils par voie orale. Ce paysan connaissait la valeur des choses, la valeur du temps qui s'écoulait. Car le paysan commençait à travailler avec le lever du soleil et ne se couchait que lorsque le soleil était couché. Cela veut dire qu'il composait avec la lumière : le paysan était un enfant de lumière. Il ne pouvait pas vivre dans les ténèbres. Il avait cette sagesse innée de vivre avec la loi de la nature. Il commençait à apprendre les éléments de son environnement propre mais aussi les éléments qui allaient découler de son environnement ; par exemple les vents pouvaient tout lui indiquer : la pluie, le soleil, les tempêtes, l'orage et la chaleur. Le paysan devait reconnaître par son acuité non seulement visuelle, mais aussi par sa vision intérieure, laissant son observation aller jusqu'à sentir les prémices de quelque chose. C'est ce que l'on appelle aujourd'hui l'intuition. Personne aujourd'hui ne peut dire qu'il vit avec son intuition. Vous, à IVI, vous avez réappris à découvrir votre environnement, à découvrir ce qui était magique en l'homme : cette connaissance des éléments qui sont autour de nous et qui se passent en nous. Un paysan devinait une variation du temps à sa crise de rhumatismes qui se manifestait quatre ou huit jours auparavant ; il savait que pour faire ses fourrages, il fallait que le vent tourne d'une certaine manière à telle époque de l'année, ou bien du jour ou du mois. Si après un changement de lune le vent avait tourné, il savait que la récolte serait mauvaise, alors il devait prendre ses précautions en bénéficiant des seuls jours de soleil qu'il y aurait pour que la moisson soit protégée de l'humidité...
Montesquieu avait perçu cette sagesse-là. Si les paysans avaient été dans la recherche intellectuelle, ils n'auraient pas pu observer ce qu'ils ont vu pendant des millénaires. C'est cette méconnaissance de l'intellectualisme qui a fait de nos paysans la sagesse de la terre. La Fontaine nous a donné quelques aperçus de la poésie qui a trait à cette terre, mais beaucoup d'autres ont expliqué ce qu'était la richesse de ce laboureur, de ce paysan.
Mais allons plus loin, regardons le Christ, qu'a-t-Il pris comme apôtres ? Il n'a pris aucun intellectuel sauf un, et l'intellectuel L'a trahi. Les autres étaient des sages : des pêcheurs, des cordonniers, ils travaillaient là pour des raisons différentes mais fondamentalement ces hommes qui ont été choisis par le Christ étaient d'origine paysanne, tous avaient la conscience absolue et profonde de leur environnement. Tout paysan savait que l'environnement était proche de la conscience divine. Aucun paysan n'était contre Dieu, on n'était pas toujours religieux, mais on était croyant. On avait la pudeur de cacher ses sentiments bien souvent pour se protéger mais l'homme de foi était l'homme sage.