La paix intérieure

Dieu nous rejoint dans le silence

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Que représente pour moi le silence ? Et comment je le vis ?

Pascal avait raison : le silence peut nous envahir, à tel point que nous ne sentons presque plus exister. On ne trouve ce silence que très loin, hors des villes. Au milieu d'une forêt ou au bord de la mer, au bout de quelques minutes on s'aperçoit qu'une immensité vient en nous, que le silence nous porte vers une dimension qui nous fait peur. Nous sommes très vastes. Il existe une étendue infinie en nous qui résonne après un certain temps. Là pourrait commencer la méditation.

Effectivement il y a différents silences. Mais un seul est porteur. Je dis souvent  : « Ecoutez, écoutez... » Quand nous sommes partis dans des discussions, quand on veut essayer de prouver quelque chose à quelqu'un ou qu'on lui dit des choses qu'on aimerait qu'il entende, nous allons dire beaucoup de mots qui ne seront pas entendus et on brise ainsi des silences qui pourraient être généreux pour l'autre. En l'écoutant, on s'apercevra que son âme souffre et qu'elle n'entend plus les mots. Elle attend autre chose. C'est à travers le silence qu'elle va pouvoir s'exprimer. Et c'est ce qui se passe souvent dans les cars ou dans les groupes. Lorsqu'on écoute quelqu'un qui vient de dire ses problèmes, ses difficultés, sa souffrance physique ou morale, n'essayons pas de lui donner des arguments pour l'aider. Si nous observons un temps de silence à l'intérieur de nous-même, et si nous commençons à prier pour l'âme de l'autre en essayant de comprendre ce qu'elle veut exprimer, cette vibration intense est démultipliée.

Je pense que les hommes aujourd'hui ne savent plus faire silence. On a essayé de le combler parce que l'homme a peur de se retrouver en face de lui-même. On veut échapper de toutes les manières à la vie. On ne veut plus prendre en charge ses difficultés. Un jour nous fait peur à l'avance. L'humanité est totalement tombée dans le matérialisme dans lequel elle étouffe. Aussi va-t-elle créer ces vibrations, cette musique discordante, cette violence, autour d'elle, pour se sentir exister. L'humanité commence à parachever son déclin. Lorsque l'homme est incapable de se retrouver face à face avec lui-même, et donc face à son Créateur. Lorsque nous sommes dans le silence intérieur profond, lorsqu'on entend le vent dans la cime des arbres alors qu'il n'y a pas de vent, lorsqu'on entend le bruit des vagues alors qu'il n'y a pas de vagues, je crois alors qu'on a atteint un profond silence. Pour l'atteindre il ne faut plus avoir peur, et laisser tomber nos doutes, nos craintes, nos angoisses. Si nous sommes dans le silence avec nos angoisses, elles deviennent terrifiantes ! Elles sont démultipliées. Si nous cherchons refuge dans le silence, c'est pour apporter quelque chose aux autres et nous enrichir nous-même de cette donnée fondamentale de l'union de l'homme avec Dieu.

Je crois que nous oublions trop souvent des passages de l'Ancien Testament : le Cantiques des Cantiques. N'est-il pas décrit le moment d'une extraordinaire sagesse, le langage de l'amour de l'homme par rapport à Dieu, l'homme et la femme en union avec leur Créateur ? C'est dans ce silence que Salomon ou David ont pu le lire, le traduire et le transcrire, car il ne date pas de ce temps-là, il est beaucoup plus ancien. Ce Cantique des Cantiques, c'est la maturité de l'âme, le moment où elle se trouve en extase dans le silence, où elle sent les parfums, où elle ressent le ressac de l'eau – même si elle est très loin – où elle ressent toutes les vibrations de l'univers autour d'elle. Elle sait que c'est par amour pour elle que Dieu lui a donné la possibilité d'entendre, de voir, de comprendre. Je crois que c'est le poème qui convient le mieux à l'humain lorsque l'on parle de silence ; le nectar des nectars, l'amour extraordinaire exprimé dans la joie, la douceur d'un crépuscule ou dans l'aurore d'une journée.

L'homme a autant besoin de silence que de nourriture terrestre. Le silence est d'une importance capitale ; vous me demandez comment il est porteur ? Comment ne le serait-il pas ! Entendez-vous Dieu vous parler ? Ne nous parle-t-Il pas dans le silence de notre âme ? Fait-Il du bruit lorsqu'Il vient nous visiter ? Non, Il ne dérange rien, mais Il est là en permanence. Et c'est dans ce silence-là qu'Il aime nous rejoindre.

Lorsque Pascal exprime sa peur devant le silence de l'univers, il crie l'expression de l'humanité tout entière devant l'image qu'il recherche de lui-même. Lorsque l'homme devient sage, il n'a plus peur du silence. Car dans ce silence, il entend vibrer la vie et il se sait relié à la multitude. Mais pour le retrouver, il faut être dans le silence. Sans lui, rien ne peut se passer.

Il est vrai que les moines ont eu pour mission d'entrer dans le silence pour servir Dieu. Mais combien de temps leur a-t-il fallu pour l'accepter, pour essayer de le comprendre, et accomplir cette mission de silence que Dieu leur a confiée ?

Ce silence doit être porteur pour les autres. Il ne faut jamais retirer de nous-même le plus petit fragment d'amour, il faut que nous soyons amour dès l'instant où nous sommes dans le silence car on n'appartient à personne, personne ne nous appartient. Nous sommes avec Dieu en direct et le lien se fait pour tous les autres. C'est donc le contraire de l'égoïsme ou de l'égocentrisme. Chercher le silence n'est pas s'abstraire de la vie, c'est au contraire y contribuer mais d'une manière différente, avec beaucoup plus de force encore.


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