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Suis-je capable de rester dans le silence
lorsque je suis seul ? 

Proposition de travail de groupe : essayer chaque jour de faire un petit temps de silence profond, et témoigner la semaine suivante de ce que nous avons ressenti.

Il est important de réaliser ce que veut dire vacarme ; le 19ème et le 20 ème siècles ont été l'approche de cette cacophonie dans laquelle nous vivons surtout dans les villes. On réalise mieux l'importance de ce vacarme quand on entre dans un supermarché, par exemple, et que notre ouïe est sollicitée par des radios, télévisions, vidéos, etc. Si l'on ne parlait que du plan commercial ou professionnel, on pourrait en rire, mais c'est une atteinte directe à l'âme. Comment voulez-vous que la jeunesse puisse trouver ce qu'elle recherche depuis tant d'années ? Elle recherche une paix intérieure, un idéal de vie, elle veut ne plus faire partie de cette masse mais pour l'empêcher de penser on lui offre sans cesse des instruments qui vont la fourvoyer jusqu'à la rendre complètement sourde à l'appel des autres.

Il est important de réaliser à IVI ce qu'on peut apporter et je vous le demande de ne surtout pas donner d'interdits. Si nous interdisons quelque chose, les gens font l'envers de ce que nous leur demandons. Il faut leur faire comprendre par petites touches tout ce qu'un silence peut enrichir dans la journée. Au lieu de mettre la radio pour faire son ménage, éteignons-la. Tout changera. On commencera à regarder les meubles, les fleurs, les choses différemment. On ne sera plus accaparé par la musique ou la publicité que l'on entend. Tout l'être sera tendu vers autre chose et tout doucement, on sera amené à la prière pour combler ce vide. Car tout être qui n'a plus ce bruit autour de lui a peur, il réalise qu'il a comblé ses peurs, ses angoisses, son stress, par le bruit, par la musique, etc. Le priver de tout cela, c'est le priver d'une nourriture dont il a besoin, avec laquelle on l'a totalement dopé depuis tant d'années. Lui retirer, c'est lui retirer une drogue. Mais tout doucement, on peut lui faire comprendre par étapes d'une demi-heure, d'une heure, la richesse d'un silence. Entendre ce que l'on n'entend pas, même enfermé dans une chambre sans bruit on découvre que l'on entend un monde que l'on ignore totalement : ce monde du silence.

Il est très important de réaliser qu'il faut, dans nos villes, faire un travail de fond pour observer ce silence qui peut être aussi un silence pour préparer à la méditation. Que veut dire : méditation ? J'ai dit au départ : « Méfiez-vous de la méditation ! » parce que je sais où elle conduit. Mais la méditation faite dans un temps de silence, à travers la prière, est une porte ouverte à l'évolution spirituelle de l'être. Ce n'est pas un enfermement dans un nombrilisme au centre de soi-même. Faire silence, entrer en méditation pour comprendre certains problèmes, se mettre à prier dans ce silence pour que ces forces bénéfiques soient constamment émises vers ceux qui nous écoutent, dans le visible comme dans l'invisible. Ce n'est pas à travers les paroles qu'on peut l'expliquer, c'est à travers des témoignages. C'est à vous de dire dans votre groupe : « Nous allons faire un temps de silence ». Cinq minutes, ce n'est rien ! Mais c'est extraordinaire. Quand vous sentez qu'il y a une tension dans un groupe, que les discussions vont trop loin et que quelqu'un est au bout de l'énervement, ne vous acharnez pas à expliquer aux autres pourquoi ils répondent ou ne répondent pas... Proposez quelques minutes de silence. Vous verrez que l'on résout souvent bien les problèmes que l'on aurait essayé de résoudre vainement au cours de discussions qui n'en finissent pas.

On dit : « La parole est d'argent mais le silence est d'or. » Ces proverbes viennent de sagesses très anciennes. Souvenez-vous du Christ au moment de son jugement. On lui demandait : « Qui es-tu ? D'où viens-tu, qu'as-tu fait ? Qui sont ces gens qui te suivent ? Pourquoi as-tu fait cela ? » Qu'a-t-Il répondu ? Rien. Il a donné ses réponses dans le silence car Il savait que chaque réponse l'aurait condamné davantage.

Lorsqu'on lit un chapitre des Evangiles devant 4 ou 5 personnes, on obtient 4 ou 5 visions différentes de ce que veut dire la parole de l'Evangile ; à la messe, lorsqu'un prêtre a lu l'Evangile, combien d'âmes auront entendu ce qu'il voulait dire ? Tous les êtres vont l'interpréter à leur manière, de façon à se voir à travers cette parabole. Le silence est d'or car il porte les fruits qu'aucune parole ne pourrait apporter. Le Verbe et la parole sont deux choses très distinctes et le Christ savait qu'Il avait devant lui ses juges. Sur chacune de ses paroles, Il savait qu'il serait jugé encore plus sévèrement.

Connaissant l'humanité, Il savait que l'on pouvait interpréter tous ses silences, mais comment ? Dans l'écoute. Car on ne peut comprendre la vie du Christ sur terre que si nous écoutons, que si nous écoutons l'autre qui souffre, l'autre qui a des problèmes, l'autre qui a faim ou soif. C'est tout cela, le silence du Christ. On ne peut y accéder et accéder à cette compréhension qu'en se mettant en osmose avec Lui, donc avec tous les autres.

Le silence est d'or car il est fructueux. A la fin de ce silence, en général, les gens ont tout compris. Il suffit d'un regard, de mains qui se pressent l'une contre l'autre, d'un sourire et tout est évincé. Vous avez raison de dire que l'homme ne sait plus écouter en silence, c'est pour cela qu'il faut le réhabiliter. Il portera ses fruits.