La transformation

Elaguer ses défauts

Quel est mon défaut qui me dérange le plus et quelle vertu aimerais-je acquérir ?

Merci mon Dieu de pouvoir voir nos dĂ©fauts car c’est une des premiĂšres vertus.

Je prendrai un exemple trĂšs simple. Je ne sais si vous connaissez la forĂȘt amazonienne - nous l’avons tous vue au cinĂ©ma, tout au moins, si nous n’avons pas marchĂ© dedans. La vĂ©gĂ©tation, les lianes, les arbres, tout pousse dans tous les sens, n’importe comment et Ă  une rapiditĂ© Ă©tonnante. Si l’homme arrive dans la forĂȘt amazonienne ou Ă©quatoriale, il lui faudra faire un passage. Il va donc avec sa machette Ă©laguer, couper les lianes Ă  droite et Ă  gauche pour faire une trouĂ©e et arriver Ă  une clairiĂšre pour mettre son hamac, sa maison ou sa toile de tente. On comprend donc que l’homme est parti d’une idĂ©e : aller Ă  un endroit « X Â» mais, pour aller Ă  cet endroit, il faudra qu’il crĂ©e son chemin. Dans la vie spirituelle ou humaine, c’est la mĂȘme chose : nous arrivons dans la vie et, un jour, nous avons des prises de conscience. Nous prenons conscience d’un sens essentiel de la vie et si on a la chance de faire un cheminement spirituel, on s’aperçoit de l’extraordinaire richesse de la vie lorsque on est Ă©clairĂ© et de l’extraordinaire pauvretĂ© de la vie lorsque nous restons dans la pĂ©nombre. A partir de ce moment-lĂ , on va vouloir se crĂ©er un chemin, exactement comme tout  Ă  l’heure dans la forĂȘt, et on va construire notre vie. Il nous faudra une clairiĂšre. On va donc Ă©laguer, couper, battre, etc., prĂ©parer un sol pour vivre Ă  peu prĂšs aisĂ©ment. La clairiĂšre reprĂ©sente le foyer, nous reprĂ©sente au cƓur de la sociĂ©tĂ© humaine. La jungle, c’est la sociĂ©tĂ© ! Or, tout Ă  coup, nous arrivons lĂ  avec tous nos dĂ©fauts et nos qualitĂ©s, nous sommes un humain parmi les autres. Puis on va faire un tri, une sĂ©lection. On fait un chemin et on comprend Dieu. On va alors essayer de suivre les exemples du Christ et de mettre, pas Ă  pas, nos pieds dans ses pas. Et tout  Ă  coup on Ă©lague, comme on a Ă©laguĂ© sur notre chemin, on Ă©lague nos dĂ©fauts, notre impatience, notre intolĂ©rance, ici notre jalousie, lĂ  notre jugement, notre manque de gĂ©nĂ©rositĂ©, notre Ă©goĂŻsme, nos incompĂ©tences ou nos incapacitĂ©s d’écouter l’autre, etc. Mais on vit dans cette sociĂ©tĂ© et on oublie que si on ne continue pas d’élaguer, notre clairiĂšre ne sera plus une clairiĂšre demain, elle va se rĂ©gĂ©nĂ©rer. Nos dĂ©fauts reviennent. Ils vont essayer de nous assaillir Ă  nouveau, ils vont essayer de remplir ce vide ; donc il nous faut vite la machette pour refaire notre trouĂ©e dans l’espace. C’est exactement ce que se passe pour nos dĂ©fauts. Il faut que nous veillions. C’est pourquoi le Christ dit : « Veille et prie ! Â» La veille, cela veut dire : « Ne t’endors pas ! Â» Nous sommes dans le systĂšme de la jungle. Les dĂ©fauts sont tellement vivaces, ce sont des lianes qui s’incrustent sur nous. Ils reviennent Ă  l’assaut et nous devons couper, nous devons hachurer, nous devons faire cette clairiĂšre autour de nous. Il faut qu’on y voie clair. Alors on va Ă©laguer les dĂ©fauts. Mais je dis bien : si nous ne restons pas vigilants, si nous ne prions pas, les dĂ©fauts vont revenir, d’une autre maniĂšre, mais ils vont essayer de nous accaparer, de nous incorporer.

Qu’est-ce que la vertu par rapport Ă  cela ? Et qu’est-ce que la prise de conscience pour voir nos dĂ©fauts ? A un moment donnĂ© de notre existence, lorsque nous commençons Ă  faire un bilan clair de notre vie, nous voyons justement le chemin parcouru. On a vu les trouĂ©es faites, on a vu cet espace qu’on a fait de clartĂ©, de lumiĂšre et on ne supporte plus cette ombre qui revient dans nos vies. On ne peut plus supporter ! Donc nous allons voir le moindre dĂ©faut, et pas seulement avec nos yeux comme avant mais dĂ©multipliĂ©  car il sera seul Ă  ĂȘtre vu. C’est-Ă -dire les autres, on ne les verra plus car ils auront Ă©tĂ© Ă©liminĂ©s. Mais si un seul dĂ©faut nous reste, alors il nous paraĂźtra Ă©norme. Il deviendra Ă©norme Ă  nos yeux jusqu’au moment oĂč nous l’aurons Ă©liminĂ© complĂštement. C’est la prise de conscience de la perfection.

Sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant JĂ©sus en parle beaucoup de tout cela, et beaucoup d’autres saints d’ailleurs. Si nous laissons un petit dĂ©faut s’infiltrer en nous, il grandit, il grandit jusqu’à nous Ă©touffer. Mais si tout Ă  coup on voit ce mĂȘme dĂ©faut qui revient, on va le voir Ă©norme, et on ne veut plus le voir parce qu’on sait la dimension, on sait l’empreinte qu’il va avoir sur nous et dans notre comportement. On ne pourra donc plus l’accepter et on fera tout pour le combattre, et  vous pouvez dire : « Merci mon Dieu de pouvoir voir nos dĂ©fauts ! » car c’est une des premiĂšres vertus. Le Christ nous dit : «  Vous ĂȘtes des aveugles et des sourds. Â» Tout Ă  coup de le voir, c’est de prendre conscience qu’il existe et nous savons que lorsque nous prenons conscience de quelque chose, nous avons les armes pour le combattre.


Précédent
Précédent

🎧 Se connaütre pour comprendre l’autre

Suivant
Suivant

🎧 Passer ses dĂ©fauts par l'amour